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Le blog-notes poétique et autre de Rotpier

" La saga du vieil escalier, " un très très long poème de ... Pierre ... troisième, quatrième et dernière partie !

26 Juillet 2016 , Rédigé par Rotpier Publié dans #Poésie

Bonjour,

Voici donc la cinquième et dernière partie  ( avec la troisième et la quatrième) de « La saga du vieil escalier, »

Nota : Les deux premières parties sont sur le billet initial ! Je n'ai pas pu les regrouper : billet trop long !

 Lien:    http://rotpier.over-blog.com/2016/07/la-saga-du-vieil-escalier-un-tres-tres-long-poeme-de-pierre.html

Pierre

 

Troisième partie :

 

Et naissaient tenons et mortaises

sous les outils aux fils tranchants,

coupes droites ou coupes biaises

sur les faces ou sur les chants.

Il régnait une bonne ambiance

dans l’équipe et sur le chantier,

ils travaillaient tous en confiance

entre tous les corps de métiers.

Quand survenait une engueulade

- Il faut bien se lâcher un peu ! -

s’en suivait une rigolade

beaucoup plus d’une fois sur deux !

Les journées coupées par des pauses,

essentiellement pour manger,

duraient douze heures  - Ah ! Quelle dose ! -

six jours sur sept sans déroger !

L’assemblage puis le montage

prirent du temps et de la sueur,

étayage à tous les étages

avant d’atteindre la hauteur.

Plus besoin de grandes échelles

pour relier les trois niveaux,

une sécurité nouvelle

appréciée de tous aussitôt !

Il ne restait plus que ma rampe

à concevoir et fabriquer,

un travail à donner des crampes

aux cerveaux les plus affûtés !

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Photo personnelle

Peu d’ouvriers étaient capables

de vaincre la difficulté

pour certains incommensurable :

une question de facultés !

Il fallut tout le savoir-faire

d’un des plus anciens compagnons

qui passait ses journées entières

entre la règle et le crayon.

Il traçait et marquait les pièces

et les autres les façonnaient

sous son contrôle et en souplesse :

tous les hommes le respectaient.

Après mon ultime cheville

ce fut les hourras du chantier,

la fierté dans les yeux qui brillent

au travers des regards altiers.

Les hommes à qui je dois la vie,

après un dernier long regard

me firent avec sympathie

des gestes d’adieu : bel égard !

Et l’on pendit la crémaillère

un jour de juin, il faisait beau,

tous les invités défilèrent

devant moi en lançant des « Oh ! »

J’étais le clou de la soirée,

tout le monde voulait me voir,

une femme, une mijaurée,

m’élut pour se faire valoir !

Félicitations ou léchages

selon le rang des invités,

selon l’humeur, selon les âges,

furent grandement délivrés.

Ce fut le début de ma vie,

l’aube d’une longue saga,

mais je vois que tu as envie

que je te raconte cela !

Je vais en faire une synthèse

pour ne pas y passer la nuit,

je pourrais en faire une thèse

mais je m’en tiendrais à minuit .

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Quatrième partie

J’ai vu défiler des familles,

des couples et beaucoup d’enfants,

des joies mais aussi des bisbilles

et parfois des déchirements.

Des mariages et des baptêmes

mais aussi des enterrements,

des accords et des anathèmes

et des complots peu reluisants !

Des jours de fête ou de kermesse,

des fins de travaux dans les champs,

des amours ou bien de la fesse

selon l’humeur du moment !

La famille vivait à l’aise

grâce au travail des paysans,

les échos de la Marseillaise

ne parvenaient pas jusqu’aux champs.

Une condition féodale,

pas loin des serfs assurément,

une dépendance totale

au bon vouloir des exploitants !

Chapeaux bas et têtes baissées,

c’était le lot de tous les jours,

quelques suppliques accordées

mais sans trompette ni tambour !

Chuchotements et messes basses

parlaient d’une révolution

et de soulèvements de masse

qui s’étendaient à la région.

Les grands seigneurs étaient en fuite,

leurs châteaux pillés voir brûlés,

on savait que viendrait ensuite

le tour des maîtres mal aimés.

Car si certains étaient honnêtes,

d’autres étaient des malfaisants,

on parlait que déjà des têtes

avaient roulé dans quelques champs !

Mais celui qui était en place

était un maître respecté,

juste et il n’y eut pas de chasse

à l’homme pour l’appréhender.

Une concorde fut trouvée

en attendant d’y voir plus clair

et cela dura des années

mais bien fini le temps des serfs !

Tout doucement la république

 étendait son drapeau partout,

plus question de vaines suppliques,

rien que le droit et puis c’est tout !

Plus question de baisser la tête

et de grands saluts chapeau bas,

yeux dans les yeux en tête-à-tête :

les métayers prenaient le pas.

Pour la répartition des terres

il fallut attendre longtemps,

dessaisir les propriétaires

demanda énergie et temps.

L’état, le clergé, la noblesse

perdirent prés, forêts et champs,

ce qui provoqua l’allégresse

dans le monde des paysans.

Réduisant le grand morcelage,

les plus forts ou les plus malins,

par achat ou par mariage

unirent les petits lopins.

Ils possédaient enfin leur terre,

le métayage était fini,

ils cessaient d’être tributaires

du bon vouloir et du mépris !

J’ai vu ces changements se faire,

j’ai vu la mécanisation

révolutionner et défaire

de longs siècles de traditions.

 

xxxxxxxxxxxxxx

Cinquième et dernière partie :

 

Et puis dans les années quarante,

au milieu du siècle dernier,

survint une chose inquiétante :

silence du bas au grenier !

Plus personne dans la bâtisse,

volets claquant à tous les vents,

mauvais signe, mauvais auspices,

un état démoralisant.

Soixante-dix années lugubres

à ressasser les souvenirs

dans cette bâtisse insalubre,

m’interrogeant sur l’avenir.

Des journées et des nuits entières

sous la pluie et les courants d’air,

toiture crevée aux faîtières,

carreaux cassés … un goût d’enfer !

Et puis un jour – quelle surprise ! –

on s’activa autour des murs,

il n’y avait plus de méprise :

belle éclaircie pour le futur !

Les corps de métiers envahirent

de nouveau la grande maison,

j’étais … – comment bien le décrire ? –

… à deux doigts de la pâmoison !

Par chance les propriétaires

  • je les en remercie ici ! –

avaient décidé de refaire

à l’ancienne ce beau logis !

On m’a briqué et fait reluire,

j’avais bien résisté au temps

et je continue de séduire

malgré mes bons deux cent vingt ans !

La bâtisse est devenue gîte,

les murs résonnent de nouveau,

ça bouge, ça joue, ça s’agite

et c’est bien cela qui prévaut !

Il arrive qu’on me caresse :

beaucoup de gens aiment le bois

mais qu’on me parle avec tendresse

il y en a peu comme toi !

Voilà tu connais mon histoire,

pour le moins un bon résumé,

quelques signes prémonitoires

me disent que tu as aimé.

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