poesie
Le poème du jour: " Terre et éthers, " de ... Rotpier
Terre et éthers,
Sous les premiers rayons d’un soleil un peu pâle,
La terre s’étirait exhalant ses odeurs ;
Des relents très divers, mélange de fadeurs,
Dont je connaissais bien la note principale.
J’allais le nez au vent en extase intégrale,
Mon esprit distillait les profondes senteurs,
Alambic naturel et annonciateur,
il donna son verdict : vérité cérébrale !
La vapeur s’échappant sur le haut des sillons,
N’était autre, à coup sûr, qu’un vaste échantillon
Du liquide que l’homme égrainait goutte à goutte
Quand, travailleur des champs, il s’usait au labeur.
La force du poète est de bannir le doute :
il montait des sillons des éthers de sueurs.
Pierre Dupuis
Déjà publié
Le poème du jour: " Ma jeunesse " de ... Rotpier ( suite )
Rappel:
La question est :
« Est-ce un poème autobiographique ? »
La réponse est :
« Oui, à cent pour cent, si l’on ôte les deux dernières strophes qui ne sontqu’une simple hypothèse sur la fin de ma vie »
Pierre
Photo prise sur le net, mais cela aurait pu vraiment être moi et ... pas en vacances !
Ma jeunesse,
Ma jeunesse ne fût qu’enfance solitaire,
je n’étais d’aucun clan car par trop passager.
Une attitude en fait pas vraiment volontaire,
mais j’y avais pris goût sans en être affligé.
Excepté les préaux et les classes d’école,
je précise bien « les » : j’en ai connu beaucoup !
Mon père était un simple ouvrier agricole,
du jour au lendemain nous partions tout à coup.
Ouvrier agricole et dans la hiérarchie,
le dernier des derniers : je veux dire vacher !
Un métier de forçat imposé par la vie,
sur lequel bien des gens s’empressaient de cracher !
Mais il avait appris, malgré les persiflages,
à aimer ce travail pourtant si éreintant :
des douze heures par jour et parfois davantage,
pas un jour de repos : congés inexistants !
Je savais tous les noms des vaches de l’étable,
sans même regarder les poussiéreux panneaux
qui les identifiaient de façon plus aimable,
mais elles avaient quand même, à l’oreille, un anneau.
J’étais un sauvageon - dans le bon sens du terme ! -
je passais la plupart de mon temps sans copains,
la campagne profonde, au beau milieu des fermes,
ne s’ouvrait pas très vite au tout nouveaux voisins !
Un autre fait, c’est sûr, me fermait bien des portes :
ma mère était sujette à des troubles mentaux,
j’étais catalogué - pas du tout de main morte ! -
en tant que fils de folle à éviter sitôt !
J’avais acquis très vite - obligé par l’affaire ! -
l’art de savoir cogner sans faire de cadeau :
il m’arrivait souvent de devoir me défaire
de deux ou trois garçons m’ayant pris en étau !
J’avais un faible pour les grands coups de savates
et pas mal « d’ennemis » repartaient en boitant,
je dégustais moi-même et gardais les stigmates
de quelques coups vachards non contenus à temps !
Si l’on ne m’aimait pas, on me laissait tranquille
après que j’eu montré que je rendais les coups,
l’efficacité seule accréditait mon style :
faire mal aussitôt tout en restant debout !
J’aurais pu m’enfermer dans cette étroite sphère,
ce cocon personnel ou l’on se sent très bien,
l’adolescence vint et me tira d’affaire,
entraîné que je fus par l’horizon pubien.
Délicieux horizon qui me remit en selle,
aiguillon très actif pour les rapprochements :
je restais aux cotés de ceux - surtout de celles ! –
qui ne me fuyaient plus aussi farouchement !
Oublié les oiseaux, les champs et puis les vaches,
on ne peut pas tout faire en attrapant quinze ans,
on a beau s’attacher à faire le bravache :
un seul jupon déjà nous prend beaucoup de temps !
Et c’est ainsi que j’ai rompu ma solitude,
je ne regrette rien, il faut frotter sa peau,
quand on est invité avec sollicitude,
on ne peut qu’acquiescer : j’ai rejoint le troupeau.
Peut-être bien qu’un jour j'ôterais mes poucettes*
pour retrouver mes champs, mes vaches, mes corbeaux,
et que je finirais ma route en vieil ascète
avant que de pourrir au fond de mon tombeau !
Pure spéculation ou fantasque hypothèse ?
Personne ne peut dire, à moins d’être devin,
ce que sera demain, où en seront mes thèses,
partant de ce constat : se pointe le mot … fin !
Pierre Du puis
* Poucettes = menottes en argot
Le poème du jour: " Ma jeunesse " de .... Rotpier
Préambule :
La question est :
« Est-ce un poème autobiographique ? »
La réponse est :
« Oui, à cent pour cent, si l’on ôte la dernière strophe qui n’est qu’une simple hypothèse sur la fin de ma vie »
Ce poème étant long, je le scinde en deux parties et vous aurez la seconde demain !
Pierre
Photo prise sur le net, mais cela aurait pu vraiment être moi et ... pas en vacances !
Ma jeunesse,
Ma jeunesse ne fût qu’enfance solitaire,
je n’étais d’aucun clan car par trop passager.
Une attitude en fait pas vraiment volontaire,
mais j’y avais pris goût sans en être affligé.
Excepté les préaux et les classes d’école,
je précise bien « les » : j’en ai connu beaucoup !
Mon père était un simple ouvrier agricole,
du jour au lendemain nous partions tout à coup.
Ouvrier agricole et dans la hiérarchie,
le dernier des derniers : je veux dire vacher !
Un métier de forçat imposé par la vie,
sur lequel bien des gens s’empressaient de cracher !
Mais il avait appris, malgré les persiflages,
à aimer ce travail pourtant si éreintant :
des douze heures par jour et parfois davantage,
pas un jour de repos : congés inexistants !
Je savais tous les noms des vaches de l’étable,
sans même regarder les poussiéreux panneaux
qui les identifiaient de façon plus aimable,
mais elles avaient quand même, à l’oreille, un anneau.
J’étais un sauvageon - dans le bon sens du terme ! -
je passais la plupart de mon temps sans copains,
la campagne profonde, au beau milieu des fermes,
ne s’ouvrait pas très vite au tout nouveaux voisins !
Un autre fait, c’est sûr, me fermait bien des portes :
ma mère était sujette à des troubles mentaux,
j’étais catalogué - pas du tout de main morte ! -
en tant que fils de folle à éviter sitôt !
J’avais acquis très vite - obligé par l’affaire ! -
l’art de savoir cogner sans faire de cadeau :
il m’arrivait souvent de devoir me défaire
de deux ou trois garçons m’ayant pris en étau !
Pierre Dupuis
La suite demain !
Le poème du jour : " Le chemin " de ... Rotpier
pour le prêt de ce superbe cliché ( pris dans l'Yonne où j'ai
Le chemin,
Le cœur tout à l’envers,
j’observe cette orée,
son chemin en dévers
sous la voûte dorée
… esseulé.
Je sais bien l’autre bout :
une grande clairière
où nos corps en about
se moquaient des barrières
… cet été.
Le champ à traverser
a avalé son chaume,
labouré et hersé
un autre monochrome
… sur cliché.
Plus de blé, plus d’amour :
richesses envolées !
La belle aux beaux atours
et nos tendres mêlées
… terminé !
Pour un cœur à l’envers
l’automne mordorée
ne conduit qu’à l’hiver
- ô saison abhorrée ! -
… déchiré.
Pierre Dupuis
Le poème du jour : " Confidence à cœur ouvert, " de ... Rotpier
Confidence à cœur ouvert,
Mon sang est bien trop vieux
et bouche mes artères,
qui ne sont guère mieux :
ils n’en font pas mystère !
Presque tout est usé
en ma vieille machine :
des pièces de musée
et mon coeur qui s’échine !
Je crois qu’il se lézarde :
son rythme est bien haché !
Lassé le myocarde
qui va bientôt lâcher !
On parle de fissures
qu’il faudrait colmater !
Faire des épissures :
mieux vaudrait se hâter !
Lâchez-moi la carcasse :
je ne vaux plus un clou !
Je suis bon pour la casse :
je suis au bout du bout !
Remettre des rustines
sur un vieux pneu pourri
serait chose crétine !
Aïe ! … Ça fait mal quand je ris !
Juste un peu de morphine
pour juguler le mal
et une nuit affine
je quitterais le bal !
Lâchez-moi la carcasse :
je ne vaux plus un clou !
Je suis bon pour la casse :
je suis au bout du bout !
Pierre Dupuis
Déjà publié
L'effet papillon appliqué à ... l'amour ! Le poème du jour: " L'effet papillon " de ... Rotpier
Petite cause, grands effets
ou
L’effet papillon,
Le battement de cils à peine perceptible
avait fait bel effet sur son cœur au repos.
Quand l’œil lui fit de l’œil, ce fut irrésistible,
logique enchaînement : changement de tempo !
Pour faire l’inventaire : exploration lancée !
De haut en bas la chère avait de quoi troubler !
Un très joli minois, une belle avancée
et l’étage du bas était très bien meublé !
Deux ou trois rendez-vous : repas en tête à tête
et déjà les genoux qui cherchent les accords :
prémices d’ouragan menant au corps à corps !
Du souffle du désir à la grande tempête !
Un battement de cils menant au tourbillon :
parfaite illustration de l’effet papillon !
Pierre Dupuis
Travaillant comme météorologue au MIT, il découvre en 1963 que l'on peut obtenir un comportement chaotique avec seulement trois variables, montrant ainsi qu'une dynamique très complexe peut apparaître dans un système formellement très simple, une idée dont le mathématicien français du 19e siècle Henri Poincaré avait eu l'intuition. C'est ainsi que de faibles différences dans la dynamique de l'atmosphère peuvent déclencher de vastes effets souvent insoupçonnés.
Ces observations l'on conduit à formuler ce qui est désormais connu comme l'effet du papillon. Il avait utilisé ce terme dans une étude présentée en 1972 et intitulée : "Prévisibilité : est-ce que le battement des ailes d'un papillon au Brésil peut déclencher une tornade au Texas ?". Ces découvertes d'Edward Lorenz ont marqué le début d'un nouveau champ de recherche qui a eu un grand impact non seulement sur les mathématiques mais aussi virtuellement dans toutes les spécialités, la biologie, la physique et les sciences sociales.
Pris sur le net et tranmis par Pierre
Le poème du jour: " Défaillance " de ... Rotpier
Défaillance,
Il bruine dans mon cœur
comme il pleut sur la faille ;
pourquoi cette rancœur
qui fait qu’un cœur défaille.
Hier encore ici,
mais revers de médaille,
plus personne aujourd’hui
et mon cœur qui déraille.
Dans les yeux ce crachin
augmentant la grisaille
et le bout du chemin
et l’ultime broussaille.
La chute sans rappel
parallèle à l’entaille,
les rochers en scalpel
et mon cœur en tenailles.
Pour vivre maintenant
je ne suis plus de taille,
je plane en attendant
d’être au pied de la faille.
Pierre Dupuis
Déjà publié
Le poème du jour : " La quête imbécile " de ... Rotpier
Photos prises sur le net
La quête imbécile,
Tu rêves de mener l’existence facile,
sans contrainte et pas trop de travail mais surtout :
de l’argent ! Utopiste et vraiment touche à tout :
tu grimaces toujours, tu fais le difficile !
Ta voiture n’est pas un objet qui rutile,
mais pense donc à ceux qui n’en ont pas du tout !
Si ta femme n’est plus assez belle à ton goût,
d’autres sont à l’affût : les ennuis se profilent !
Le bonheur est souvent à deux doigts de nos mains
mais nous courons toujours celui du lendemain !
Pour vivre heureux plaçons, au bon niveau la barre,
sachons nous contenter sans toujours quémander.
Vraiment les bons moments, ne se font pas si rares :
on use le bonheur à trop lui demander !
Pierre Dupuis
Le poème du jour : « Vertige » de … Rotpier
C’était il y a longtemps … depuis, j’ai renforcé la base et la pile est plus stable … mais à l’évidence … pile il y a !
Jusqu’où montera-t-elle sans commencer à vaciller ?
… j’ai tout intérêt à soigner l’empilage !
Pierre
Photo prise sur le net
Vertige,
J’empile les heures.
Des heures sur des heures
en pile de vingt-quatre.
J’empile les piles en paquets de trente :
je fabrique des mois stériles,
des mois débiles,
des mois qui me hantent
des « moi » vides
des mois vides de moi
des « moi » vides d’émoi
Je ne suis plus moi !
Vertige !
Toutes ces piles sans assises,
toutes ces piles sans liant vraiment,
vibrent à la moindre brise, vibrent au moindre vent !
Et… Je suis tout en haut - seul ! -
je vais me casser la gueule !
mais à quoi cela rime ?
Oh ! Vertige ! Vertige qui m’opprime,
quelle sera mon ultime
rime
?
Pierre Dupuis
Déja publié
Le poème du jour : " La cabane de l'ogre miroir " de ... Rotpier
La cabane de l’ogre-miroir,
Cabanon sur la plage
… tout du moins en aspect,
mais avaleur d’images
sans remords ni respect.
Une alliance infernale,
sous un air innocent,
de planches très banales
et d’un miroir stressant.
Une glace qui glace
au pouvoir tout puissant,
un tain au teint de crasse
qui fait glacer les sangs.
Planches faussement frêles
impossibles à scier.
Volets avec paumelles,
cadenas en acier.
Combien de silhouettes
prisonnières dedans ?
Combien aux oubliettes
parmi les imprudents ?
Mon image esseulée
se débattant en vain,
déjà presque avalée
par le miroir malsain.
Je sens que l’on m’enferme,
déjà je ne suis plus
que l’ombre de moi-même :
du présent révolu.
Pierre Dupuis