poesie
" Train d'enfer " : le poème du jour de ... Pierre
" La jeunesse qui passe
ne repasse jamais !
Le jour où l’on trépasse
n’est que décembre en mai ! "
Image du net
Train d’enfer,
Tu as vu ta jeunesse
passer au grand galop,
certaines larronnesses
te traiter de salaud !
Fugitives maîtresses
connaissant bien le mot :
elles-mêmes traîtresses
…d’où un certain culot !
C’est à bride abattue
que tu as chevauché
certaines dévêtues
avant que d’y toucher,
d’autres moins convaincues
qu’il fallait éplucher,
raides comme statue,
froides comme rocher !
Et ainsi va la vie,
- tu en sors tout sonné ! -
terminé les envies :
elle est loin ton acné !
Les rides se convient
- en joli pied de nez ! -
sur ta face en survie :
tu es bien chiffonné !
La jeunesse qui passe
ne repasse jamais !
Le jour où l’on trépasse
n’est que décembre en mai !
L’existence est impasse
tu le sais désormais :
ta miteuse carcasse
est entre « guillemets » !
Pierre Dupuis
Le poème du jour : " Dans la maison vide " de ... Pierre
« Que je voudrais mourir avant !
Ne jamais trancher ce dilemme
… peut-être avancer le cadran ? »
Image prise sur le net
Dans la maison vide,
Bien sûr, il lui restait la vie
… et aussi son petit chien noir,
mais elle n’avait plus envie,
souvent, de quitter son peignoir.
Pendant ces jours longs et sinistres,
sans fin, elle tournait en rond,
tout en puisant dans le registre
de sa mémoire … au plus profond.
Elle passait de pièce en pièce
dans la maison beaucoup trop grande,
revivant les scènes de liesses
… les jours de bonheur à revendre !
Mais maintenant tout était vide,
le lourd silence étourdissant
rendait son visage livide
et son moral déliquescent.
Les quelques pas sur la terrasse
et son regard sur le jardin,
la rendaient encore plus lasse :
les beaux massifs étaient bien loin.
Le chiendent y régnait en maître,
le gazon n’était plus tondu,
la haie faisait plus de trois mètres
et le vieux puits était fendu.
L’entretien n’était plus possible :
trop onéreux pour son budget,
dans les charges incompressibles,
pas de place pour le sujet.
Car en plus de la solitude
l’argent commençait à manquer,
de plus en plus d’incertitudes :
des revenus bien étriqués.
Il n’y avait pas de mystère,
elle avait compris que malgré
un train de vie des plus austères
viendrait le jour tant redouté.
Un jour vraiment épouvantable :
celui de vendre la maison !
Un jour - ô combien - détestable,
un jour à perdre la raison !
Un pan entier de son histoire
allait alors de détacher,
une secousse vibratoire
où son cœur pourrait bien lâcher !
Sans croire, elle priait quand même :
« Que je voudrais mourir avant !
Ne jamais trancher ce dilemme
… peut-être avancer le cadran ? »
Et ces jours-là la vieille dame,
revivant les scènes d’antan,
n’essuyait même plus ses larmes :
il y en avaient tant et tant.
Pierre Dupuis
Le poème du jour : " Vertige " de ... Pierre
" Et… Je suis tout en haut - seul ! -
à deux doigts de la chute
et du linceul, "
Image du net un peu modifiée
Vertige,
J’empile les heures.
Des heures sur des heures
en pile de vingt-quatre.
J’empile les piles en paquets de trente :
je fabrique des mois stériles,
des mois débiles,
des mois qui me hantent
des « moi » vides
des mois vides de moi
des « moi » vides d’émoi
Je ne suis plus moi !
Vertige !
Toutes ces piles sans assises,
toutes ces piles sans liant vraiment,
vibrent à la moindre brise, vibrent au moindre vent !
Et… Je suis tout en haut - seul ! -
à deux doigts de la chute
et du linceul
mais à quoi cela rime ?
Oh ! Vertige ! Vertige qui m’opprime,
quelle sera mon ultime
rime
?
Pierre Dupuis
Le poème du jour: " D’en bas, le jour n’est plus qu’un point " de ... Pierre
Pour bien prendre la mesure du vide,
il faut y avoir descendu … au moins une fois.
J’y suis descendu … un jour … il y a longtemps.
Pierre
Photo modifiée par moi-même
Si cela t’arrive un jour … agrippe-toi !
D’en bas, le jour n’est plus qu’un point,
Que dire en quelques mots, que dire en quelques vers ?
« Le métier est usant ! » : vous le savez mes frères !
Que l’âme est fluctuante et ses états divers ?
Qu’il est des puits profonds d’où l’on peine à s’extraire ?
J’ai pu le mesurer, le temps est relatif :
ça peut durer des jours, un très mauvais quart d’heure !
Quand simplement penser devient rébarbatif,
quand on s’agrippe à tout, mais que tout n’est que leurre !
Puis… petit à petit, percent quelques lueurs :
les rayons émanant de ceux de l’entourage.
Le puits n’est plus sans fond, s’espacent les sueurs,
la lumière revient et l’on reprend courage.
Oh ! Ce n’est pas d’un bond que l’on remonte au jour !
Le chemin est abrupt et souvent l’on retombe ;
mais on arrive enfin, la main en abat-jour,
à franchir la margelle : on est sorti de l’ombre !
On se retrouve alors debout mais pantelant,
à passer un temps fou sur le plus simple ouvrage !
A traiter en victoire un résultat branlant,
mais on progresse un peu, s’éloignant du naufrage.
Puis… vient l’étonnement d’un sourire esquissé,
- il vaudrait mieux parler d’une aimable grimace ! -
cadeau de son miroir qui semble s’immiscer
dans un flux positif où tout reprend sa place.
Il faut de cette épreuve extraire le meilleur :
il faut que je me forge un solide exutoire
qui place dans ma tête un système aiguilleur,
une soupape sûre, active échappatoire.
Si tel était le cas, il resterait l’espoir
de mettre ce faux pas en case « bénéfices »
car je saurais quoi dire à ceux qui broient du noir,
ayant touché le fond : je ne suis plus novice !
Pierre Dupuis
Cauchemard, cauchemort, qui n'a pas vu ne peut pas se rendre compte ! Le poème du jour " Cauchemort " de ... Pierre
Cauchemort,
Que fais-je ici ?
Je n’ai plus souvenir de rien.
Il est vrai que je perds souvent la mémoire :
dans ma vie, il se fait tard.
Mais…qu’a donc ce malheureux
qui hurle au bout du couloir ?
à l’aide de son déambulatoire ?
Tout cela me glace !
Et cette odeur – oh ! cette odeur –
qui vous prend à la gorge !
Et cette femme qui souffle comme une forge !
Et cette autre qu’on croit que l’on égorge !
Horreur !
Mais, que fais-je ici ? …Que fais-je ici !
Pas besoin de fauteuil roulant : je vais bien moi !
Je marche, j’arpente les couloirs
du matin jusqu’au soir !
Et cette odeur qui me colle à la peau !
Et partout le même panneau,
le même panneau avec le même mot
que je lis, que je relis,
qui me mène à la folie !
Au secours !
Où elle est la sortie !
Où elle est la sortie !
Partout, partout c’est écrit :
Gériatrie ! Gériatrie ! Gériatrie !
Gééééé … riaaaaa… triiiiiiiie !
Pierre Dupuis
Déjà publié
Et sa mémoire partait en miettes ... le poème du jour de Pierre : " En désapprenance "
« Tu te souviens du nom d’Octave ?
Où ai-je mis mon grand fait-tout ?
Tiens, elle est ouverte la cave ?
… J’avais pourtant mis le verrou ... ? »
... C'est le début , le commencement du chauchemard .
Image du net modifiée
En désapprenance,
Dans son regard … rien que du vide
… même en cherchant … plus un ressort.
Ses yeux, autrefois si limpides,
si pétillants … là, quasi morts.
Et il se tient en face d’elle,
la regardant … mains dans les mains,
yeux dans les yeux … plus d’étincelle
… la grande peur du lendemain.
Tout au début, rien de bien grave,
dans la mémoire, des petits trous,
pas de quoi en faire un conclave,
quelques oublis de rendez-vous.
« Tu te souviens du nom d’Octave ?
Où ai-je mis mon grand fait-tout ?
Tiens, elle est ouverte la cave ?
… J’avais pourtant mis le verrou ... ? »
Et puis un jour en promenade,
plus d’une heure à tourner en rond
et les jambes en cotonnade :
« Mais où se trouve la maison ? »
A reculons, elle consulte,
le verdict tombe :il est amer !
Ça claque pire qu’une insulte :
les faits sont là : c’est Alzheimer.
Après c’est la dégringolade :
l’esprit, les sens, en flottaison.
Une mémoire en marmelade
et des atteintes à la raison.
Et les visages qui s’effacent,
de mois en mois, de jour en jour.
Des souvenirs, plus une trace :
un grand désert et rien autour.
Et lui est là, tout en souffrance,
n’y pouvant rien que de pleurer,
témoin de la désapprenance
de l’être cher… tout apeuré.
Pierre Dupuis
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Le poème du jour : " La main " de ... Pierre
" Je m’en vais essayer de vous donner lecture
- Pas du message écrit : il n’était que pour moi ! -
De ce qui se passa, c’est vrai, je vous le jure !
Et je saurais comprendre ensuite votre émoi ! "
Vous pouvez me croire: j'y étais !
La main,
Comme enfin je soufflais - bonheur compréhensible -
Assis sur une table enduite de couleurs,
Récupérant un peu d’une classe impossible,
Je vis le tableau noir partager ma douleur !
La craie courrait sans fin, par une main guidée,
Une main je vous dis ! Toute seule ! Sans bras !
D’une pâleur extrême, assurément vidée
Du sang dont une goutte échappait vers le bas.
S’égrainait sous mes yeux et très bizarrement
Je comprenais le sens des phrases contenues
Dans ce message étrange écrit si clairement.
Je m’en vais essayer de vous donner lecture
- Pas du message écrit : il n’était que pour moi ! -
De ce qui se passa, c’est vrai, je vous le jure !
Et je saurais comprendre ensuite votre émoi !
La main - d’autorité - me pris alors en charge
en pointant son index sur un ordinateur
Qui afficha de suite en écran extra large
Une image incroyable : un plan fascinateur !
Je reconnus, malgré la façade noircie,
Le profil évident du Lycée Aragon
Qui avait dû subir un très grave incendie,
une porte battait, pendant à un seul gond.
Un bruit de fond montait et je vis une bande
Déboucher en hurlant de derrière un muret,
Des propos venimeux rythmaient la sarabande :
« A mort ces cons de profs, il faut les capturer ! »
On pouvait reconnaître en tête de la horde,
Les clones de certains du fond de nos paniers
Qui nous posent problème en refusant tout ordre :
Ils étaient à coup sûr les fils de ces derniers !
Et d’un bûcher fumant, les pages calcinées
Des livres déchirés s’envolaient dans le soir,
Un vent ascensionnel, volutes déchaînées,
Entraînait vers le ciel ce vol de corbeaux noirs.
La main vint à placer - je ne vis pas de suite -
Son index tremblant à un endroit précis :
Tout en bas du brasier, une forme réduite
Agitait sous le feu cinq doigts tout rétrécis.
La main comme une folle agita ses phalanges,
Son cri désespéré me vrilla les tympans
Et je la vis pleurer, libérant un mélange
Composé pour moitié, de larmes et de sang !
Je la pris dans mes mains, ce ne fut pas facile,
De calmer sa douleur, d’éteindre ses sanglots :
La peur de formuler des propos imbéciles,
Quoi dire à une main qui hante les tableaux ?
A force de discours et de maintes caresses
- Une main, comme un homme, a besoin de chaleur ! -
Je parvins à calmer sa profonde détresse :
Je partageais alors sa terrible pâleur.
Le tableau s’effaça, supprimant le message.
L’ordinateur se tut, son écran devint noir.
Un tourbillon me prit : j’étais sur son passage
et je fus avalé par un grand entonnoir.
Pierre Dupuis
Image du net
Le poème du jour : " Quand le mur s’affiche " de ... Pierre
La couleur du mur me rappelle les chauds tons
de quelque pays du Maghreb
… l’Algérie peut-être ?
Un hasard ?
Image du net
Quand le mur s’affiche,
La vérité sans fard
sur ce cliché s’affiche !
Magique effet de l’art
naturel et sans triche !
Simple mur en son temps
témoin de bien des choses,
le symbole à présent
des choix qu’on nous propose.
Quelque soit le placard,
quelques soient les promesses,
quelques soient les rencarts,
quelques soient les grand-messes :
Le dégradé des tons,
des plus clairs aux plus sombres
affiche bien le ton :
du grand soleil à l’ombre !
Juste avant le scrutin,
l’avenir est lumière :
tout ira mieux que bien,
terminé la galère !
C’est après l’élection
que cela se complique,
viennent les déceptions :
les nuages rappliquent !
Malgré leurs charabias
t’auras dans ta remise
un vieux vélo sépia
et pas l’auto promise !
Et, en privé…
Ils en rient tous les jours,
ta faute est leur chef d’œuvre :
t’avoir fait, grand balourd,
avaler leurs couleuvres !
Car :
Peu importe ton désarroi :
toute promesse politique
n’engage que ceux qui y croient !
… En grève … tes zygomatiques ?
Pierre Dupuis
Déjà publié
A mes collègues de combat, le poème du jour : " Les arènes " ... de Pierre
Il est des lieux où, pour certains, le combat est quotidien.
Je sais ces lieux pour les avoir très longtemps fréquentés et avoir vu quelques collègues à genoux.
A mes soeurs et frères des arènes,
Pierre
Photo-montage de Pierre
Les arènes,
Pénétrer dans l'enclos, la peur à fleur de sable,
Mais savoir le public attentif à l'effort,
Procure au combattant le plus grand réconfort;
Pour affronter la bête: un « plus » indispensable.
Je connais une arène où l'habit de lumière
N'est fait que des reflets des lampes au néon;
Où le torero, seul, pénètre à reculons:
L'animal est retors, qu'en penses-tu mon frère ?
On entre dans l'enclos, la peur à fleur de table.
Délaissé du public - absent du corps à corps -
Indifférent au mieux parfois nous donnant tord,
On gère, au jour le jour, un équilibre instable!
Car il y a huis clos pour ces combats farouches;
Les yeux multipliés sont toujours à l'affût
D'un faux pas, d'une erreur, danger souvent diffus:
On pense à la victoire et puis le coup fait mouche !
Pas de mal apparent, mais en dedans ça saigne !
N'attends pas de remords, l'adversaire est sans coeur !
Observe bien les yeux, vois ce regard moqueur !
On en connaît l'éclat ... pour peu que l'on enseigne !
S'il n'est pas de bon ton, que d'étaler les choses,
S'il faut savoir cacher certaines vérités,
Minimiser des faits qui peuvent irriter,
Ce n'est pas mon credo: tant pis si j'indispose!
Certains vont s'écrier « oust! à la Verrière !*
Avant tout: l'enfermer ! C'est un fou dangereux ! »
Tout est bien plus facile en se bouchant les yeux:
Vous savez ce discours, ô toreros, mes frères !
Mais quand viendra le jour où, las des pirouettes,
Le dernier combattant, le front sur le genou,
Implorera le ciel pour un ultime coup,
Les gens s'étonneront des arènes muettes !
Il régnera dès lors au plus profond des plaines
Un silence absolu, comme un brouillard malsain,
Uniquement troublé par le terrible essaim
Des dictateurs portés par l'ignorance humaine !
La violence alors sera de nouveau reine.
On verra la bêtise envahir les pays,
Et d'en haut, nous dirons aux peuples ébahis:
« Vous nous aviez laissés ... si seuls dans les arènes ! »
Pierre Dupuis
* Maison de repos pour les enseignants
qui craquent mentalement
Tremblement de terre en Italie : toujours garder l'espoir ! Le poème du jour : " Attente " de ... Pierre
Attente,
Deux jours à rester là, sans boire ni manger,
coincé sous des amas de poutrelles tordues ;
deux jours à rester là, face à tous les dangers :
plus un son ne sortait de ses lèvres fendues.
L’enfant, gris de poussière, avait le souffle haché,
sa main ne tenait plus depuis longtemps la pierre
qu’il cognait au début sur un bout de plancher ;
plus une seule larme irriguait ses paupières.
Vaguement il sentait qu’on s’activait en haut,
c’était un bruit de fond, à peine perceptible,
un mélange confus de pics et de marteaux,
mais rien venant vers lui, rien qui lui fut audible.
Pourtant il devina, bien plus qu’il n’entendit,
un bruit particulier - qu’il reconnut très vite ! -
aussitôt dans sa tête une image grandit
effaçant d’un seul coup toute vision maudite !
Le bruit devint très net et l’image eut le son :
des jappements joyeux et les appels du maître !
Ils progressaient sans cesse, il en eut un frisson :
une larme coula, qui fut bien longue à naître !
L’espoir était en face - à deux fois presque rien ! -
et sans le voir encore, il en savait la forme :
il se voyait déjà serrer très fort ce chien
qu’il chérissait d’avance avec un cœur énorme !
Pierre Dupuis
Image prise sur le net ( AFP )
Poème déjà publié