Le marginal

la mesure où elle est volontaire et réfléchie.
C'est alors un acte de liberté totale.
Toute marginalisation subie ou induite est inacceptable.
Le marginal,
Je ne ressemble pas au commun des mortels,
Je ne suis pas un fou: respectez ma folie !
A cette société plus rien ne me relie,
Je ne suis pas fait pour rejoindre le cheptel.
Je ne suis pas partant pour adorer l'autel,
D'un quelconque système et en bloc je renie,
Le fait de me lier à toute troupe unie:
Je suis un cas à part, prenez-moi comme tel !
Je dérange bien sûr, quand, parfois on me sonne
Et qu'on m'entend clamer: "Je n'y suis pour personne! "
Pour rentrer dans le rang, ne plus vous accabler,
Dois-je mettre à l 'index le gros de mes méninges ?
Pour imiter la foule afin d'y ressembler,
Dois-je me transformer en un vulgaire singe ?
La pensée-poème du jour ... loufoque!
Ce sera chouette !
Ma voisine de palier,
une timide brunette
originaire de l’Allier,
se cache derrière ses lunettes !
Je suis très accroché
mais … pas moyen de l’approcher !
Demain,
je la coincerais dans un coin
… de l’escalier !
Je lui ferais un gros bisou,
… de préférence dans le cou !
Elle me dira : « vous êtes fou !
Vous êtes fou à lier ! »
Et moi, de lui répliquer :
« mais non ! Je ne suis pas zinzin :
c’est la fête des voisins ! »
Après, sans lunettes,
sans nuisette,
nous nous glisserons sous sa couette !
Ce sera chouette !
Très chouette !
Ce sera la fête des … câlins !
Ah ! Vivement demain !
Mais … si elle me disait : « non ! » ?
Tant pis, je resterais sur le palier
comme un - - - !
Les pépettes
Les pépettes,
et pas plus haut’ qu’un bout de zan !
Ça joue déjà tout en finesse
une pépette de trois ans !
et qui attir’ les courtisans :
ça se transforme en chasseresse
une pépette de treize ans !
des p’tits amis mais pas d’amant :
ça doute un peu mais - sans confesse -
une pépette de seize ans !
il n’est plus temps le temps d’avant :
ça succombe sous les caresses
une pépett’ de dix huit ans !
Qu’elle soit ta femme ou ta maîtresse,
câlins malins très désarmants :
ça réduit bien ton tiroir-caisse
une pépette de trente ans !
tout en douceur, chemin faisant,
ça s’assagit - sauf les diablesses ! -
une pépette avec les ans !
Maman
Maman,
tu es maman fondante :
chocolat sous la dent
mais tout tendre en dedans !
Tu es maman délice,
tu es maman complice :
ma maman roudoudou
aux longs baisers tout doux !
Quand parfois tu me grondes
je sens passer une onde
de honte et de remords :
je sais bien que j’ai tort !
tu es toujours encline
à tout me pardonner
et à tout me donner !
Tu es maman tendresse,
tu es la bonne adresse
pour soigner mes bobos,
les petits et les gros !
tu es maman bassine,
mais quand vers toi j’accours,
tu es - Maman ! - … tout court !
Tu le diras un jour
Ecrit il y a cinq ans, mais ô combien d'actualité!
Tu le diras un jour …
Neuf ans,
tu avais neuf ans.
Lui ? Quarante… à peu près.
Il t’en imposait
…il en imposait à tout le monde !
Il était l’autorité reconnue.
Reconnu de tous.
Ne pas lui obéir ? Personne n’osait !
Toi, plus que tout autre.
Toi le timide, le respectueux, le presque soumis.
Oh ! il avait soigneusement choisi !
Il avait de l’expérience : la science de l’infamie !
Des bruits avaient bien circulé …
mais il en circule tant… des bruits !
Et puis … si gentil, si près des enfants !
Lui, l’organisateur des veillées,
des ballades, des feux de camp,
des sorties, des colos !
Et toujours le bon mot !
Si serviable, si près des enfants …
trop près !
Beaucoup trop près !
Avec ta naïveté et ta timidité,
tu n’avais rien vu venir.
Tu n’avais pas vu l’étau se resserrer,
l’étau dégoûtant de ses bras se resserrer !
Et … c’est arrivé.
Après … des promesses ! … des menaces !
Trois fois il a recommencé !
Puis il a vu - il a su ! - que tu allais craquer.
Alors, doucement, perfidement, il a battu en retraite.
Il a continué les promesses … les menaces
… beaucoup plus les menaces !
Mentalement, il t’a bâillonné,
il t’a mis dans sa nasse !
Comme d’autres … comme beaucoup d’autres !
Puis, le temps a passé mais … rien ne s’est effacé !
Image claire et nette dans ta mémoire
qui remonte certains soir
… certains soirs un peu plus noirs.
Tout est près à resurgir ! Il suffira d’un déclic,
d’un fait plus fort que les autres … un procès ?
une lecture sur le sujet ?
une émission de télé ?
ou … tout simplement de l’amour.
De tout l’amour et de toute la confiance en une femme,
pour qu’enfin tu parles, que tu dises,
que tu accuses le maudit, l’infâme !
D’autres suivront
et vous éviterez que nuise encore ce scélérat :
l’ignoble ordure qui t’a fait ça !
Jardin de rêve

Jardin de rêve,
Pétales roses
que l’on effleure doucement.
Pétales roses
au très léger frémissement.
Doux … tout doux …
Pétales roses
dont la rosée va grandissant.
Pétales roses :
profond calice aux bords luisants.
Doux … tout doux …
Pétales roses
où l’on dépose
un long baiser
tendre et brûlant.
Doux … encore doux …
Mais … pour combien de temps ?
Dédale rose
où l’on explose
en soupirant.
Le choix des larmes

Le choix des larmes,
La jeunesse et la gloire et … l’uniforme en prime !
Avez-vous observé les bataillons d’assaut ?
quelque soit le pays, l’élite en armes rime
avec tout jeunes gens : sont-ils fous ou bien sots ?
je n’ai pas peur de dire et tant pis pour certains
que c’est par ignorance et là, j’affirme et j’ose,
que ces gamins sont là, la peur aux intestins !
A part les inconscients ou les moitié sauvages,
que peut penser un môme en voyant au matin,
au détour d’un rocher ou bien sur une plage,
son copain disloqué, dérisoire pantin !
après avoir vu ça : vous êtes inhumains !
Vous avez dans le crâne en unique bagage
l’odeur âcre du sang qui coulera demain !
il me faut en déduire en suivant ce précepte,
et là je vais me faire agonie de jurons,
que beaucoup de gradés, il faut bien qu’ils l’acceptent,
sont des gens de ce type ou autres fanfarons !
Ce principe posé, je freine et je tempère,
car il y a bien sûr, à tout, des exceptions
et je suis bien conscient que parmi tous nos pères
beaucoup versaient le sang au nom de la nation .
c’est la loi d’obéir pour tous les régiments
aux ordres - quels qu’ils soient ! - des hommes politiques
et dans ce marigot, vivent des caïmans !
Par voie de conséquence il me faut bien admettre
que tonnent les canons des pays libéraux
quand un vil dictateur décide de soumettre
son peuple au bon vouloir d’infâmes généraux !
Et tant pis si je pleure et tant pis si je rêve
à un monde meilleur où tous seraient amis,
le monde est ainsi fait et des gamins en crèvent
le regard étonné pour n’avoir rien compris !
Démangeaisons













Démangeaisons,
Il est des gens qui m’agacent
… qui m’agacent au plus haut point !
Ils tournent en rond,
pour un oui, pour un non.
Jamais content de leur tête dans la glace !
Le steak ? Pas trop saignant … un peu quand même
… mais pas à point … quoique … dès fois, j’aime …
La voiture ? Couleur verte bien sûr !
Mais … quel vert ? Surtout pas trop clair !
Pas trop foncé non plus … quoique …
tiens … et si on la prenait bleue ?
Et ma sœur, t’as vu ses yeux !
Il y est des gens qui me pilent,
qui m’agacent,
qui m’horripilent,
qui m’escagassent !
Tiens, j’en ai des démangeaisons
au bout de ma godasse !
Et ça blablate et ça jacasse !
Et pis pas ci, et pis pas ça !
Ça c’est trop p’tit … ça c’est mastoc
… mais c’est pas sûr … y faudrait voir …
Et pis ma sœur, t’as vu son froc ?
et ses p’tits strings dans le tiroir ?
Il est des gens qui m’horripilent,
qui me les pilent, qui me les cassent !
Tiens-toi tranquille, toi ma godasse,
appell’ ta sœur pour qu’on se casse :
faut s’ fair’ la paire avant qu’ ça chasse !
On s’ ra jugés sur la grand place,
mais ce sera par contumace !
Regard

Il est des souvenirs, non vécus, plus forts
que ceux de nos propres expériences.
Je cherche à savoir pourquoi mais ne m'en
étonne pas: c'est un grand privilège.
Elle ne pleurait même pas.
Il y avait dans ses yeux mouillants
- d’une rare amplitude -
et des reflets de feu dansants.
Sous le coton frémissant,
tout son être tremblait.
bouche ouverte et muette,
une main tordant l’une de ses tresses,
l’image même de la détresse.
Elle devait avoir six ans.
Elle tourna la tête vers moi,
maudire toutes les guerres !
Qui a volé la poésie
Qui a volé la Poésie ?
Pas l’ombre d’un alexandrin !
Qui a volé la poésie ?
Si je les prends, je les contrains
à avouer leur hérésie !
Elle est malade et pas très bien ?
Taisez-vous donc ! Je n’en crois rien !
Et …… surtout pas d’euthanasie !
Vois-je en elle un petit chagrin :
je l’habill’rais de fantaisie !
je lui ferais un gros câlin
bien loin de toute hypocrisie !
ell’ lorgnera un p’tit vaurien,
voudra partir : oh ! Jalousie !
Je la rendrais dans son écrin,
fleur au milieu d’un boulingrin :
je pleurerais… mais c’est la vie !