poesie
Journée de la déportation, le poème du jour : « Dernier aiguillage » de … Rotpier
Dernier aiguillage,
Bruits de bottes
…on frappe à la porte
on fracasse la porte,
à coups de crosses et de bottes !
On ferme les portes.
On verrouille les portes
puis on les numérote.
Les tampons s’entrechoquent
et les enfants suffoquent
sous l’âcre fumée que la locomotive crachote.
Trois jours d’enfer
puis … l’enfer !
On les pousse vers la porte
… pour entrer.
On ferme la porte,
on verrouille la porte
puis … rapidement, plus rien.
Plus de bruit,
plus de corps qui tremblotent
plus de nuit
plus de bottes
… plus de vie.
Seulement les fumées chargées de suie
que les cheminées crachotent
jour et nuit.
Jamais Auschwitz ne s’endort
tout à fait. La lune qui luit,
ignorante, joue avec l’acier poli
des mitrailleuses lourdes des miradors.
Jamais Auschwitz ne s’endort
… tout à fait.
Pierre Dupuis
Déjà publié, mais repris.
Le poème du jour " Côte d'amour " de ... Rotpier
Côte d’amour,
C’est la mer qui courtise
les éperons rocheux,
ou bien eux qui la grise
la pénétrant un peu ?
D’éperons en calanques
la côte fait l’amour,
elle n’est jamais en manque
de câlins, de mamours !
Dans un élan pudique,
le ciel, son vieil ami,
voile plages et criques
pour leurs ébats promis.
Peut-être que la lune
viendra pour un clin d’œil,
sans intention aucune
de dresser des écueils !
C’est la mer qui courtise
les éperons rocheux,
ou bien eux qui la grise
la pénétrant un peu ?
Pierre Dupuis
Déjà publié
Aux forts et fragiles toreros, mes sœurs et mes frères: le poème du jour : " Les arènes " de Rotpier
Préambule :
Les plus optimistes, à part quelques rares cas ou des inconscients totaux, ont eu (ou auront) dans leur vie une période sombre, voir noire. Je pense qu’il faut en passer par là pour pouvoir explorer toutes les facettes de la sensibilité de l’homme et de son esprit. On en sort, sinon plus fort, tout au moins plus complet dans sa vision de soi-même et des autres.
C’est cette réflexion que vous trouverez en exorde de certains de mes poèmes gris sale, voir noirs.
A Aimé Césaire de la part d'un "négro" blanc: le poème du jour: "Je suis ton frère: un "négro" blanc " de ... Rotpier
Préambule :
Quelque soit notre couleur de peau,
nous sommes toujours, pour quelqu’un,
… un « négro ».
Pierre Dupuis
Aimé Césaire: photo prise sur le net
Je suis ton frère : un « négro » blanc,
Aimer Césaire,
aimer ses mots
si nécessaires
tant que « négro »
sur notre terre
fera écho !
Ne pas se taire,
choisir les mots
et puis en faire
des vers nouveaux,
des strophes entières
contre les maux !
Des fers de lances
bien qu’en papier,
que l’on balance
au monde entier
pour la relance
de l’amitié !
Tous les silences
inventoriés,
la pestilence
des négriers :
ô vigilance,
pas de quartier !
Prioritaire :
couleur de peau !
Sécuritaire :
couleur de peau !
Et la colère
teintant ma peau !
Aimé Césaire :
j’aime tes mots !
C’est nécessaire :
j’y fais écho !
Je suis ton frère :
un blanc « négro » !
Pierre Dupuis