Manipulation des masses: un petit résumé sous forme poétique de ... Pierre !
Préambule :
Ce poème (quelque peu insolite ?) est, pour les 10 premières strophes, un condensé versifié, point par point, des « dix stratégies de manipulation de masses » de Noam Chomsky.
dont vous pourrez consulter le texte original après le poème.
J’y ai ajouté ma contribution personnelle ainsi qu’une conclusion.
Bonne lecture,
Pierre Dupuis
Image du net
Les dix commandements (et un peu plus)
à suivre pour un apprenti dictateur
ou une élite quelconque, pour mieux
entourlouper les masses populaires,
(1) Penser à distraire les masses
en les gavant d’informations
afin que leurs cerveaux s’encrassent
et frôlent la saturation.
(2) Il faut créer quelques problèmes
dont on détient la solution
pour qu’ils viennent visages blêmes
vous supplier … délectation !
(3) Pour les restrictions très drastiques :
bien les étaler dans le temps !
Tout n’est que question de tactique
c’est prouvé depuis bien longtemps !
(4) Le différé est efficace :
demain les grosses privations !
Savoir manipuler les masses
pour freiner la contestation !
(5) Dans le ton et dans la manière
pour les discours utiliser
les mots sortis des bonbonnières :
à tous prix infantiliser !
(6) Il faut distribuer à la foule
de l’émotion … de l’émotion !
Car pendant que les larmes coulent,
il n’y a plus de réflexion !
(7) Moins ils fréquenteront l’école
plus téléphages ils seront
et plus ils perdront la boussole
alors ils tourneront en rond !
(8) Les encourager dans leurs vices :
surtout pas de moralité !
Les laisser c’est tout bénéfice
baigner dans la médiocrité !
(9) Les emmener vers l’échouage
et leur présenter un miroir
en leur disant : « C’est votre image
que vous n’êtes pas beaux à voir ! »
(10) Se servir des sciences modernes
pour cerner les individus :
mieux savoir qu’eux, ce qu’en interne,
ils ont dans leurs crânes obtus !
Ma contribution personnelle et additionnelle
Surtout ne pas faire l’impasse
- ce n’est jamais à fonds perdus ! -
d’avantager certaines classes
pour créer de conflits tendus !
Pour les pays à dominante capitaliste :
Il faut entretenir le spectre
du socialisme bolchevik :
une confiscation directe
de tous les biens, de tout le fric !
Pour les pays à dominante socialiste :
Dénigrer le capitalisme :
dogme pourri jusqu’au trognon !
Encenser le collectivisme
et étouffer tout le pognon !
Ne pas oublier non plus :
Dans la marmite populiste,
ajouter quelques ingrédients
exacerbant le fond raciste
présent mais souvent sous-jacent !
il serait très déraisonnable
de ne pas souffler sur le feu
du rejet très fertilisable
de l’étranger toujours douteux !
Conclusion :
En maîtrisant ces paramètres,
si vous avez soif de pouvoir,
vous pourrez devenir les maîtres
et régner du matin au soir !
De quoi tenir quelques années
pour pouvoir fortune amasser
sans faire l’erreur gratinée
d’attendre de se voir chasser !
Voila, dictateurs en puissance,
ce qu’il vous faut bien appliquer :
vous avez là toute l’essence
pour qu’un peuple soit à vos pieds !
C’est faisable en démocratie
mais il faut bien plus de doigté :
enchaîner les acrobaties
et les mensonges éhontés !
Certains sont devenus des maîtres :
ils manœuvrent tout en douceur,
centimètre par centimètre
comme a fait l’amant de ma sœur !
Pierre Dupuis
Les dix stratégies de manipulation de masses
Auteur : Noam Chomsky
Le linguiste nord-américain Noam Chomsky a élaboré une liste des « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les média. Nous la reproduisons ici. Elle détaille l'éventail, depuis la stratégie de la distraction, en passant par la stratégie de la dégradation jusqu'à maintenir le public dans l'ignorance et la médiocrité.

PressenzaBoston, 9/21/10PRESSENZA Boston, 21/09/10
1/ La stratégie de la distraction
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
3/ La stratégie de la dégradation
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
4/ La stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…
7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…
9/ Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…
10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.
Transmis par Pierre