Les poèmes du jour avant deux semaines de vacances ! De ... Pierre et de Rotpier !
De la Saint Norbert
à la Saint Alban,
le Rotpier et Pierre
pointerons absents !
Je vous laisse pendant 2 semaines (sans virgule après pendant !) le temps de quelques vacances !
Je vous laisse aussi avec deux poèmes, un de Pierre et un de Rotpier, ce qui vous permettra de comparer les deux styles !
Pour Pierre, ce sera : « Derrière la vielle porte » et pour le Rotpier : « La part des anges »
Bye Baye ! …….Comme le dit si bien Nathalie !
De Pierre:
Image du net
Derrière la vieille porte,
Un loquet bricolé
un peu à la va-vite,
pas du tout fignolé :
une invite à visite !
Un peu comme un voleur
j’entrebâille la porte :
une vague lueur
que des ombres déportent
descend de tout en haut,
de l’antique verrière
dont les étroits carreaux
sont mangés par le lierre.
Une odeur de copeaux
un peu moisis domine,
la poussière au repos
agace les narines !
Un oiseau prend son vol
… deux … trois ! Je les dérange !
J’entends aussi au sol
des petits bruits étranges.
Et dans le clair-obscur,
là-bas, quelques yeux brillent !
Les toiles sur les murs
et les poutres fourmillent !
C’est un vrai paradis
pour légions d’araignées
rejoignant leurs abris
dans de larges saignées.
Dans ce vaste local,
des ombres se détachent :
des squelettes bancals
jouant à cache-cache !
L’éclairage manquant,
je retourne à la porte
et tire en grand l’ouvrant
que trois vieux gonds supportent.
Leur grincement râleur
me perce les oreilles :
l’huile, pour leur malheur,
a cessé ses merveilles !
Et … je découvre alors
que la vieille bâtisse
recèle un vrai trésor :
une antre d’ébéniste !
Image du net
Tout est resté figé,
tout est resté en place !
Un buffet étagé,
juste au milieu, rêvasse.
Il se sent estropié
sans sa belle rosace
qui gît là, à ses pieds,
et n’a jamais prit place !
Les grands squelettes noirs
ne sont que les machines
qui du matin au soir
sentaient bon la résine.
Une scie à ruban
dont la lame rouillée
entoure ses volants
qui semblent verrouillés.
Un gros tas de copeaux
sur la dégauchisseuse,
lui fait comme une peau
épaisse et granuleuse.
Le profil compliqué
du fer de la toupie
attend pour fabriquer
des profils en copie.
La mèche à mortaiser
semble toujours vaillante,
prête à réaliser
son action pénétrante !
Dans le fond l’établi,
de construction solide,
est encombré d’outils
semblants des plus valides !
Des valets, des rabots,
une grande varlope,
des gouges, des ciseaux,
une équerre cyclope.
Un compas d’épaisseur
et puis un autre à verges,
des tampons polisseurs
et une ardoise vierge.
Un pot de brou de noix
et de la cire en boite,
du vernis, un chinois
et aussi de la ouate.
De nombreux gabarits
aux formes travaillées,
de la toile émeri
dans des bandes taillée.
Des chiffons de coton
et d’autres en longue laine,
des pinceaux à poils longs :
au moins une dizaine !
Tout est resté figé,
tout est resté en place.
J’entends un bruit léger
et je fais volte-face !
Des cheveux en chignon
d’une blancheur parfaite,
un corsage en crépon,
pas du tout stupéfaite :
la vielle dame est là
et son pâle sourire :
« - Mon mari n’est plus là,
je voulais vous le dire.
Voilà vingt ans déjà
qu’il dort au cimetière,
mais rien n’a bougé là,
même pas la poussière.
Le vieux buffet attend
sagement sa rosace,
il attendra le temps
que je cède la place.
Peut-être bien qu’après,
un tout jeune ébéniste
tirera un long trait
sur ce silence triste ?
En repartant, Monsieur,
refermez bien la porte,
le loquet est très vieux
… à mon image en sorte. »
Pierre Dupuis
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De Rotpier :
La part des anges,
Venez donc par ici, vous que l’on appelle anges !
J’ai deux mots à vous dire et je serais très franc,
j’ai appris l’autre jour un truc qui me dérange :
en douce vous sniffez, voilà qui est navrant !
Vous êtes offusqués ? Oh ! Les saintes- nitouches !
C’est bien vous et pas moi qui entrez dans les chaix
et qui, mine de rien - ça vaudrait des cartouches ! -
respirez les vapeurs d’alcools de grand cachet !
Un vieux bouilleur de cru m’a appris la nouvelle
au pied d’une barrique où je faisais station
afin de déguster une fine pucelle
de tout embouteillage et de toute addition !
Le brave homme m’a dit : « passe-moi les timbales,
on va se la goûter, on s’ra pas les premiers !
Y a des petits malins, faut voir ce qu’ils trimbalent,
quand ils sortent d’ici plus beurrés qu’un crémier !
Je te le dis mon gars, un sacré coup dans l’aile,
qu’ils ont les emplumés : ils sont soûls comm’ cochon,
Ils entonnent des chants qui causent de jar’ telle,
de cuisse très légère et même de nichons !
Leur patron, le barbu - faiseur de privilèges -
a décrété un jour qu’ils avaient le devoir
de goûter sans payer - c’est un vrai sacrilège ! -
à tous les casse-geule et du matin au soir ! »
Maintenant que je sais, tous les jours de biture,
je vous vois tournoyer : vous volez de travers !
Quand vous rentrez là-haut, c’est toute une aventure :
la part des anges c’est, parfois, un peu pervers !
Pour peu qu’en arrivant, vous ayez les paupières
plus lourdes que du plomb, le gardien de là-haut,
qui ne rigole pas, je parle de Saint Pierre,
doit vous enguirlander : je vois bien le tableau !
Quand l’alcootest monte à trois grammes cinquante,
voir encore un peu plus les grands jours de java,
vous devez avoir droit à la grande soufflante,
peu importe l’alcool : le marc ou le calva !
Moi ce qui me désole et vraiment me dérange,
c’est que pour picoler, il me faut du pognon,
jamais - au grand jamais ! - je ne serais un ange,
je casquerais toujours et ça me rend grognon !
Rotpier
A un de ces jours brav' gens !
Pierre et Rotpier